Crédit immobilier : attention, refuser une offre de prêt maintenant pourrait être une erreur

Vous avez reçu une offre de prêt immobilier et envisagez d’attendre la rentrée pour espérer un meilleur taux ? Mauvais calcul : après plusieurs mois de baisse, les taux stagnent désormais et pourraient repartir à la hausse d’ici à la fin de l’année.

Alors que vous avez eu un coup de coeur pour une maison, une banque vient de vous faire une offre de prêt immobilier mais vous préférez attendre la rentrée pour tenter de décrocher un meilleur taux auprès d’une concurrente ? Ce n’est pas raisonnable… Après avoir baissé d’environ un point entre leur pic à plus de 4%, à l’automne 2023, et mai 2025, les taux stagnent depuis juin. En août encore, «ils seront stables», confirme à Capital Caroline Arnould, directrice générale du courtier Cafpi, à 3% en moyenne pour les crédits d’une durée de 15 ans, 3,14% pour ceux sur 20 ans et 3,27% pour les prêts sur 25 ans. Surtout, «certaines banques nous annoncent de petites hausses de taux pour septembre», prévient-elle.

Sa consœur Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, vient d’ailleurs de recevoir les barèmes de taux d’une grande banque mutualiste, qui font état d’une hausse de 0,10 point sur toutes les durées de crédit, dès le mois d’août. Idem pour une banque régionale. De son côté, un établissement national maintient ses barèmes de taux aux mêmes niveaux que début juillet pour les très bons dossiers mais les augmente de 0,05 point pour les bons profils et de 0,10 point pour les dossiers moyens. Les banques en question invoquent leurs «conditions de refinancement». Comprendre, le coût auquel elles-mêmes empruntent de l’argent, notamment sur les marchés financiers. Un coût qui a augmenté ces dernières semaines : le taux de l’OAT (obligation assimilable du Trésor) à 10 ans est passé de 3,24% le 1er juillet à 3,37% ce mercredi 30 juillet, les investisseurs internationaux exigeant une meilleure rémunération pour prêter à la France, compte tenu de son environnement politico-économique incertain.

Des objectifs de crédit déjà bien remplis pour certaines banques

Or, si les banques consentent des crédits immobiliers à des taux inférieurs à 3,37%, comme c’est le cas actuellement, elles perdent de l’argent, ce qu’elles ne peuvent pas se permettre de faire longtemps ! «Les banques pratiquent comme chaque été une pause tarifaire, avec des taux stables, autour de 3,15% en moyenne. Mais cette situation sera-t-elle tenable à la rentrée, quand elles prêteront à un taux souvent inférieur à leur propre coût de refinancement sur les marchés ?», s’interroge ainsi le courtier Empruntis.

De plus, les banques sont déjà à mi-parcours de leurs objectifs annuels de production de crédit, objectifs que certaines ont déjà bien remplis. C’est pourquoi elles sont susceptibles de «se mettre en retrait dès le mois d’octobre», prévient Caroline Arnould. Aussi conseille-t-elle aux ménages dont le projet d’achat immobilier est bien avancé et qui ont reçu une offre de prêt de «ne pas attendre» pour l’accepter.

Ne pas attendre une hypothétique baisse de taux

«Les taux ne vont plus baisser, ils pourraient même augmenter légèrement d’ici à la fin de l’année ou début 2026», prédit la dirigeante. L’observatoire Crédit logement les voit «possiblement» à 3,40% en fin d’année prochaine. «Attendre une hypothétique baisse des taux peut s’avérer contre-productif, confirme le courtier Pretto. Le bon réflexe aujourd’hui, c’est de vérifier sa capacité d’emprunt à l’instant T, et d’actionner tous les leviers à disposition : prêt à taux zéro pour les primo-accédants, décote de taux pour les bons profils et offres bancaires ciblées», par exemple celles offrant un taux réduit si l’acquéreur s’engage à réaliser des travaux de rénovation énergétique.

Source : capital.fr – Image : freepik.com